Lorenzaccio - Acte III - Scène 5

Chez la marquise.

LA MARQUISE, parée, devant un miroir.

Quand je pense que cela est, cela me fait l’effet d’une nouvelle qu’on m’apprendrait tout à coup. Quel précipice que la vie ! Comment, il est déjà neuf heures, et c’est le duc que j’attends dans cette toilette ! Qu’il en soit ce qu’il pourra, je veux essayer mon pouvoir.

Entre le cardinal.

Le Cardinal.

Quelle parure, marquise ! voilà des fleurs qui embaument.

La Marquise.

Je ne puis vous recevoir, cardinal ; j’attends une amie : vous m’excuserez.

Le Cardinal.

Je vous laisse, je vous laisse. Ce boudoir dont j’aperçois la porte entr’ouverte là-bas, c’est un petit paradis. Irai-je vous y attendre ?

La Marquise.

Je suis pressée, pardonnez-moi. Non, pas dans mon boudoir ; où vous voudrez.

Le Cardinal.

Je reviendrai dans un moment plus favorable.

Il sort.

La Marquise.

Pourquoi toujours le visage de ce prêtre ? Quels cercles décrit donc autour de moi ce vautour à tête chauve, pour que je le trouve sans cesse derrière moi quand je me retourne ? Est-ce que l’heure de ma mort serait proche ?

Entre un page qui lui parle à l’oreille.

C’est bon, j’y vais. Ah ! ce métier de servante, tu n’y es pas fait, pauvre cœur orgueilleux.

Elle sort.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
Télécharger le manuel : https://forge.apps.education.fr/drane-ile-de-france/les-manuels-libres/francais-seconde ou directement le fichier ZIP
Sous réserve des droits de propriété intellectuelle de tiers, les contenus de ce site sont proposés dans le cadre du droit Français sous licence CC BY-NC-SA 4.0